Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/708

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
700
POLYBE, LIV. IX.

res de ce peuple malheureux. Ne convient-il pas bien d’entrer dans une telle alliance ? Mais cela conviendrait-il surtout aux Lacédémoniens, qui avaient fait un décret portant que, s’ils étaient vainqueurs, ils décimeraient les Thébains pour les immoler aux dieux, parce que ce peuple, au temps de l’invasion des Perses, avait, seul d’entre les Grecs, résolu de demeurer neutre, quoique ce fût par nécessité qu’ils eussent pris cette résolution ? Je finis, Lacédémoniens, en vous recommandant comme une chose digne de vous, de vous rappeler l’exemple de vos ancêtres, d’être toujours sur vos gardes contre l’invasion des Romains, d’avoir pour suspectes les pernicieuses intentions des Étoliens, de ne pas oublier surtout ce qu’Antigonus a fait en votre faveur, de haïr toujours les méchans, de fuir toute société avec les Étoliens, et de vous joindre à l’Achaïe et à la Macédoine. Que si quelqu’un de ceux qui ont, parmi vous, le plus de crédit et d’autorité, n’est pas de ce dernier avis, au moins tenez-vous en repos et ne prenez point de part à l’injustice des Étoliens..... »


Telle est la coutume que les Athéniens aiment toujours à observer. (In cod. Urbin.) Schweigh.


En effet, la bonne volonté d’un ami, quand elle se montre à propos, est ordinairement d’un grand secours ; lorsque, au contraire, elle hésite et arrive trop tard, son assistance ne produit aucun résultat. Si ce n’était donc pas seulement par des paroles, mais encore par des actions qu’ils désiraient conserver les relations établies avec eux..... (Excerpta antiq.) Schweigh.


Résolution désespérée des Acarnaniens.


Les Acarnaniens, ayant eu connaissance de l’expédition des Étoliens contre eux, poussés en partie par le désespoir, en partie par la fureur et la haine qui les transportaient contre l’ennemi, prirent une résolution désespérée : ils décidèrent que tout homme qui échapperait au péril et survivrait à la défaite, ne serait reçu par personne dans la ville, et qu’on le priverait de l’usage du feu. Ajoutant à ce décret des imprécations, ils conjurèrent tous les peuples, et surtout les Épirotes, de ne recevoir sur leur territoire aucun des fuyards. (Suidas in Ἀπαλῖ.) Schweigh.


Siége d’Égine


Lorsque Philippe eut résolu d’attaquer Égine par les deux tours, il fit placer devant chacune une tortue et un bélier. D’un bélier à l’autre, vis-à-vis l’entre-deux des tours, on conduisit une galerie parallèle à la muraille. À voir cet ouvrage, on l’eût pris lui-même pour une muraille ; car les claies qu’on avait élevées sur les tortues formaient, par la manière dont elles étaient disposées, un édifice tout semblable à une tour ; et sur la galerie qui joignait les deux tours, on avait dressé d’autres claies où l’on avait pratiqué des créneaux. Au pied des tours étaient des travailleurs, qui, avec des terres, aplanissaient les inégalités du chemin : là étaient aussi ceux qui faisaient mouvoir le bélier. Au second étage, outre les catapultes, on avait porté de grands vaisseaux contenant de l’eau et les au-