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POLYBE, LIV. IX.

tres munitions nécessaires pour arrêter tout incendie. Enfin, dans le troisième, qui était d’égale hauteur avec les toits de la ville, étaient un grand nombre de soldats pour repousser ceux des assiégés qui auraient voulu s’opposer à l’effort du bélier. Depuis la galerie, qui était entre les deux tours, jusqu’au mur qui joignait celles de la ville, on creusa deux tranchées, où l’on dressa trois batteries de balistes, dont une jetait des pierres du poids d’un talent, et les deux autres des pierres de trente mines. Et pour mettre à l’abri des traits des assiégés, tant ceux qui venaient de l’armée aux travaux, que ceux qui retournaient des travaux à l’armée, on conduisit des tranchées blindées depuis le camp jusqu’aux tortues. En peu de jours, tous ces ouvrages furent entièrement terminés, parce que le pays en fournissait abondamment les matériaux ; car Égine est située sur le golfe de Malée, vers le midi, vis-à-vis les Throniens, et la terre y est très-fertile : aussi rien ne manqua à Philippe pour l’exécution de son projet. Ayant donc disposé des ouvrages comme nous l’avons dit plus haut, il commença les opérations du siége en creusant des mines et faisant en même temps battre les murailles par ses machines. (Dom Thuillier.)


Publius Sulpicius Galba était alors général des Romains, et Dorimaque chef des Étoliens. Tandis que Philippe assiégeait Égine, après s’être mis en sûreté, tant contre les tentatives de la ville que contre les attaques extérieures, en protégeant son camp du côté de la campagne par un mur et un fossé, arrivent à Égine, Publius avec une flotte, Dorimaque avec un détachement composé d’infanterie et de cavalerie, et il attaquent le camp de Philippe, qui les repousse. Celui-ci poussant, après ce succès, le siége avec encore plus de vigueur, les Éginètes, réduits au désespoir, se rendirent à lui. En effet, Dorimaque ne pouvait réduire par la famine Philippe, à qui toute espèce d’approvisionnemens arrivaient par mer. (Hero, de Toleranda et repellenda obsidione.) Schweigh.


IX.


Source de l’Euphrate, et pays que ce fleuve parcourt.


L’Euphrate a sa source dans l’Arménie. Il traverse la Syrie et tout le pays qui s’étend depuis cette contrée jusqu’à Babylone. On croirait qu’il se décharge dans la mer Rouge ; mais il ne s’y décharge pas : différens ruisseaux qui parcourent les terres l’épuisent avant qu’il se jette dans la mer. C’est un fleuve tout différent de la plupart des autres. Ceux-ci s’augmentent à mesure qu’ils parcourent plus de pays, se grossissent en hiver, et baissent beaucoup au fort de l’été. L’Euphrate, au contraire, est très-haut à l’approche de la canicule, et il n’est nulle part plus grand que dans la Syrie. Plus il avance, plus il diminue. La raison en est que ses accroissemens ne viennent pas des pluies d’hiver, mais de la fonte des neiges ; et il diminue, parce qu’on le détourne et qu’on le partage pour ainsi dire par ruisseaux, pour lui faire arroser les terres. C’est ce qui rend si long le transport des armées par l’Euphrate, parce que les vaisseaux sont fort chargés, et le fleuve très-bas ; de sorte que la force de ses eaux n’est presque d’aucun secours pour la navigation. (Dom Thuillier.)


X.


Dans la disette de grains où se voyaient