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POLYBE, LIV. XVIII.

sul venait prendre sa place, on ne manquerait pas de lui attribuer tout l’honneur de cette guerre. C’est pourquoi il accorda au roi ce qu’il demandait, quatre mois de trève, reçut de lui quatre cents talens, prit pour ôtages Démétrius son fils, et quelques autres de ses amis, et lui permit d’envoyer à Rome et d’y abandonner tout à la disposition du sénat. On se sépara ensuite, après s’être donné réciproquement les assurances nécessaires, que, si la paix ne se faisait pas, Flaminius rendrait à Philippe les talens et les ôtages. Après cela tous les intéressés dépêchèrent des ambassadeurs à Rome, les uns pour solliciter la paix, les autres pour y mettre obstacle. (Ambassades.) Dom Thuillier.


III.


Quoique souvent trompés par les mêmes artifices et par les mêmes personnes, nous n’en devenons pas cependant plus circonspects et plus prudens. Il est telle finesse que nous avons vu plusieurs fois employer sans qu’il nous vienne en pensée de nous en défier. Que certaines gens y soient pris, cela n’est pas fort étonnant ; mais que ceux-là mêmes s’y laissent surprendre, qui sont, si j’ose m’exprimer ainsi, une source féconde en subtilités frauduleuses de cette espèce, cela est à peine concevable, c’est qu’on n’a pas assez présente à l’esprit cette maxime d’Épicharme :

À la sévérité joignez la défiance,
Ce sont les nerfs de la prudence.

(Dom Thuillier.)
 

Médion est une ville voisine de l’Étolie. (Stephan. Byzant.)


IV.


Mort et éloge d’Attalus.


Après avoir raconté la mort du roi Attalus, il est juste, puisque nous en avons usé ainsi à l’égard des autres, que nous fassions connaître ce qui l’a rendu recommandable. Il monta sur le trône de Pergame sans autre secours extérieur que ses richesses. C’est à la vérité un moyen puissant pour parvenir à tout ce que l’on souhaite, quand on sait les employer prudemment et avec magnificence ; mais, faute de ces deux vertus, à combien de gens n’ont-elles pas été funestes ! L’envie en est inséparable : on leur tend sans cesse des piéges ; souvent elles amènent la perte du corps et de l’esprit, et l’on voit peu d’hommes qui, par leur moyen, évitent ces sortes de malheurs. On ne peut donc trop admirer Attalus de ne s’en être servi que pour acquérir la souveraineté, dignité la plus grande et la plus belle qui se puisse désirer. Pour en paraître digne, il commença par se faire un grand nombre d’amis à l’aide de ses bienfaits, et par se signaler dans la guerre. Les Galates étaient alors dans l’Asie la nation la plus formidable et la plus belliqueuse. Il les défit en bataille rangée, et après sa victoire il se fit déclarer roi. De soixante-douze ans qu’il vécût, il en régna quarante, toujours modeste et grave avec la reine sa femme et les princes ses enfans, toujours d’une fidélité inviolable à l’égard de tous ses alliés. Il mourut dans le cours d’une de ses plus belles entreprises, en travaillant pour la liberté des Grecs. En mourant, il laissa quatre fils qui avaient atteint l’adolescence, et qui trouvèrent le royaume si bien établi, que leurs enfans même en jouirent paisiblement et sans trouble. (Vertus et vices.) Dom Thuillier.

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