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POLYBE, LIV. XXVI.

roidir tant que nous pourrons, et retarder notre esclavage ?..... S’ils ordonnent, nous rappelant cela, nous reprendrons courage, et nous repousserons ce qu’il y aura d’amer dans leur domination, surtout parce qu’il est reconnu que jusqu’à ce jour, comme vous le dites, Aristène, les Romains ont fait le plus grand cas des sermens, de l’observation des traités, enfin de la fidélité envers les alliés. Mais si, désespérant de l’équité de notre cause, nous nous soumettons comme des prisonniers de guerre à leur volonté, en quoi différera la nation achéenne des Siciliens, des Tyrrhéniens, que chacun sait être depuis long-temps plongés dans l’esclavage ? C’est pourquoi, dit-il, ou nous devons convenir que la justice des Romains n’est qu’un vain nom, ou si nous n’osons le proclamer, user de notre droit, et ne pas regarder notre cause comme désespérée quand les plus grandes et les plus belles occasions semblent s’offrir à nous de lutter contre les Romains. Il viendra, je le sais, un temps pour les Grecs où il faudra obéir à des ordres ; mais cherchons s’il faut rapprocher ce temps ou l’éloigner. Je pense qu’il faut l’éloigner. C’est en cela, ajouta-t-il, que les idées d’Aristène diffèrent des miennes ; car il veut accomplir, le plus tôt possible, des événemens dont il entrevoit l’issue ; il s’y emploie, il y met toutes ses forces ; et moi je mets toutes les miennes à opposer de la résistance afin de reculer ces événemens. » On voit, d’après ce que nous venons de rapporter, que la politique de l’un était belle, celle de l’autre paraît sage, et tous deux avaient en vue le bonheur du pays. Mais alors de grandes choses s’apprêtaient pour Rome et la Grèce, sans parler de Philippe et d’Antiochus. Cependant Aristène et Philopœmen maintenaient l’intégrité du sol achéen contre les Romains. Le bruit courut néanmoins qu’Aristène était mieux prévenu en leur faveur que Philopœmen. (Angelo Mai et Jacobus Geel, ubi suprà.)




FRAGMENS
DU

LIVRE VINGT-SIXIÈME.


I.


Sentimens généreux de Lycortas dans l’assemblée des Achéens. — Députation au sénat de la part de cette nation. — Callicrate, un des ambassadeurs, trahit sa république et tous les Grecs.


Hyperbate, préteur des Achéens, ayant mis en délibération dans le conseil si l’on aurait égard aux lettres que le sénat avait écrites au sujet du rétablissement de ceux qui avaient été bannis de Lacédémone, le sentiment de Lycortas fut que sur cela l’on devait s’en tenir à ce qui avait été réglé. « Quand les Romains, dit-il, écoutent favorablement les plaintes des malheureux qui ne