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CÉSAR.

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LIVRE PREMIER.

Description des Gaules. — Guerre contre les Suisses. — Combat contre Arioviste.
An 58 avant J. C., de Rome 596.

1. Toute la Gaule est divisée en trois parties : l’une habitée par les Belges, l’autre par les Aquitains ; la troisième par ceux qui dans leur langue s’appellent Celtes, et dans la nôtre Gaulois. Ces nations diffèrent entre elles par le langage, les mœurs et les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine. Les Belges sont les plus vaillans de ces peuples parce qu’ils sont étrangers au luxe et à la mollesse qui règnent dans la province romaine, et que les marchands allant rarement chez eux ne leur portent pas ce qui contribue à amollir le courage. D’ailleurs voisins des Allemands qui habitent au-delà du Rhin, ils sont continuellement en guerre avec eux. C’est pour la même raison que le Suisse l’emporte aussi en valeur sur les autres Gaulois ; car il se bat presque tous les jours contre les Allemands, soit pour les éloigner de ses frontières, soit en portant chez eux la guerre. La partie des Gaules habitée, comme nous l’avons dit, par les Gaulois, commence au Rhône, et elle est bornée par la Garonne, l’Océan et la frontière des Belges : du côté des Francs-Comtois et des Suisses, elle va jusqu’au Rhin, et tourne vers le nord. Les Belges commencent aux frontières des Gaulois, s’avancent jusqu’à l’embouchure du Rhin, et regardent le nord et l’orient. La Gaule aquitanique s’étend de la Garonne aux Pyrénées et à cette partie de l’Océan qui baigne l’Espagne : elle est entre le couchant et le nord.

2. Orgétorix était le plus distingué d’entre les Suisses par sa naissance et par ses richesses. Ce seigneur, sous le consulat de Messala et de Pison, voulant se faire roi, conjura avec la noblesse, et conseilla à ces peuples de sortir du pays avec toutes leurs forces ; il leur dit qu’étant plus braves que les autres, il leur serait très-facile de se rendre les maîtres de toute la Gaule ; et il le leur persuada d’autant plus aisément que leur état est resserré de toutes parts, d’un côté par le Rhin, fleuve très-large, qui les sépare de l’Allemagne ; d’un autre, par le mont Jura qui est fort haut, et qui se trouve entre eux et les Francs-Comtois ; d’un troisième enfin, par le lac de Genève et le Rhône, qui sépare notre province de la leur. Ces bornes les empêchaient de