Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/330

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Le javelot de l’infanterie avait à son extrémité un fer mince triangulaire, long de neuf à douze pouces. Il perçait ordinairement un bouclier sans en pouvoir être arraché, et même une cuirasse, lorsqu’il était lancé par un bras rigoureux. Ces sortes de traits ne sont presque plus d’usage chez nous ; mais beaucoup chez les Barbares qui en portent au combat deux ou trois chacun, Ils les appellent bébra.

Il est bon de remarquer que le soldat doit avoir le pied gauche le plus avancé, lorsqu’il veut lancer quelque arme que ce soit ; attitude qui, laissant plus de liberté pour la vibration, augmente la force du coup ; mais s’il en vient aux mains, c’est-à-dire s’il se sert du javelot et de l’épée, il doit au contraire avancer le pied droit, afin d’avoir le flanc couvert, et le bras droit plus près de son ennemi ; conséquemment plus prêt à le frapper.

C’est ainsi qu’il faut employer tout l’art imaginable, pour que le nouveau soldat apprenne à se servir et à se parer de toutes sortes d’armes ; car dès qu’il ne craindra ni pour sa tête, ni pour sa poitrine, il sentira nécessairement augmenter sa valeur.


CHAPITRE XVII.
Des retranchemens.

Il faut montrer aux nouveaux soldats a faire les travaux des camps. Rien n’est si nécessaire à la guerre, ni d’une si grande ressource qu’un camp bien fortifié : c’est une espèce de ville qu’on se bâtit partout. Les retranchemens sont pour les soldais des murailles, dans lesquelles ils passent tranquillement les-jours et les nuits à la vue même de l’ennemi. On a laissé perdre absolument l’ancienne méthode ; il y a déjà long-temps qu’on n’entoure plus nos camps de fossés, ni de palissades : aussi nos armées y ont été souvent maltraitées de nuit et de jour par tes attaques imprévues de la cavalerie des Barbares. On éprouve encore qu’en se privant de la ressource d’un camp retranché, si propre à favoriser la retraite, les troupes qui plient se font égorger sans défense, comme des bêtes sous le couteau du boucher ; car en pareil cas, le massacre ne cesse qu’autant que les vainqueurs veulent bien épargner les vaincus.


CHAPITRE XVIII.
De la position des camps.

Il faut toujours, mais surtout dans le voisinage de l’ennemi, asseoir un camp dans un lieu sûr, où l’on puisse avoir abondamment du bois, du fourrage et de l’eau, et où l’air soit sain, si on y doit demeurer long-temps. On prendra garde aussi de ne point se camper sous des hauteurs d’où l’on pût être incommodé par les ennemis ; et l’on examinera si le terrain n’est pas sujet à être inondé par des torrens qui pourraient perdre l’armée. À l’égard de l’enceinte des camps, elle se règle sur le nombre des troupes et sur la quantité des bagages ; de sorte qu’une, grande armée ne s’y trouve pas trop serrée, et qu’une petite ne soit pas obligée de s’y trop étendre.


CHAPITRE XIX.
De la forme des camps.

On peut tracer un camp en demi-cercle, en carré, en triangle, selon