Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/331

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que l’exige ou le permet la nature du terrain. La porte qu’on appelle Prétorienne regarde ordinairement l’orient ; le camp de l’ennemi si l’on est en présence, ou la route qu’on doit prendre le lendemain, supposé qu’on soit en marche. C’est près de cette porte que nos premières centuries, ou cohortes, dressent leurs tentes, et plantent les drapeaux et les autres enseignes. C’est par la porte Décumane, opposée à la Prétorienne, qu’on conduit les soldats au lieu marqué pour les châtimens militaires.


CHAPITRE XX.
De quelle espèce de retranchemens on doit se servir suivant les circonstances.

Il y a trois manières de se retrancher, lorsqu’on a peu de chose à craindre de l’ennemi. La première est de couper des morceaux de terre et de gazon, et d’en former autour du camp une espèce de mur de trois pieds de haut, qui ait pour fossé le même emplacement d’où l’on a tiré la terre et le gazon. La seconde est de creuser à la hâte un fossé de neuf pieds de largeur et de sept de profondeur ; mais si l’on prévoit quelque vive attaque, on trace le fossé de douze pieds de largeur sur neuf de profondeur sous cordeau ; ensuite on étend sur le rez-de-chaussée des espèces de fascines qu’on charge de la même terre que fournit le fossé, à la hauteur de quatre pieds ; ainsi, le retranchement présente à l’ennemi treize pieds de haut et douze de largeur ; par dessus le tout, on plante encore de fortes palissades que les soldats portent ordinairement dans les marches. Pour ces sortes de travaux, il faut être bien fourni de bêches, de pelles, de paniers et d’autres semblables outils.

CHAPITRE XXI.
Comment on retranche un camp en présence de l’ennemi.

Il est facile de fortifier un camp lorsque l’ennemi est éloigné ; mais il ne l’est pas de même quand on l’a devant soi ; pour lors on met toute sa cavalerie et la moitié de son infanterie en bataillé pour couvrir le reste des troupes qui travaillent aux retranchemens. Afin que cela se fasse sans confusion, un crieur nomme les centuries qui sont mes premières de travail, et successivement toutes les autres dans l’ordre où elles doivent se relever, jusqu’à ce que tout soit achevé. L’ouvrage fini, les centurions font leur visite, mesurent le travail de chaque centurie, et punissent ceux qui ont mal travaillé.

On voit combien il est essentiel que le nouveau soldat s’accoutume à se retrancher promptement, habilement et sans confusion toutes les fois que cela est nécessaire.


CHAPITRE XXII.

Comment on exerce les soldats pour qu’ils conservent l’ordre et les intervalles dans les armées.

Rien n’est de si grande conséquence, pour le succès d’une bataille, que d’avoir des soldats qui sachent garder exactement leurs rangs sans se serrer ni s’ouvrir plus qu’il ne faut. Des gens trop pressés ne sauraient combattre avec aisance, et ne font, que s’embarrasser les uns les autres ; mais, s’ils sont trop ouverts, ils donnent à l’ennemi la facilité de les pénétrer ; et, dès qu’unes armée est une fois rompue et prise en queue, la peur achevé bientôt de mettre la confusion partout. C’est pour-