leurs frères de Paris[1]. Très difficilement, Vinoy était parvenu à placer quelques postes sur les routes de Châtillon et de Sèvres.
Leur séance s’ouvrit dans la salle du théâtre, car cette Assemblée faite de trucs opéra toujours sur les planches. Le président Grévy, très estimé des réactionnaires — il avait le 4 septembre au soir essayé de reconstituer le Corps législatif contre l’Hôtel-de-Ville et, pendant toute la guerre, combattu la Délégation — commença par flétrir cette criminelle insurrection « qu’aucun prétexte ne saurait atténuer. » Les députés de Paris, au lieu d’un manifeste collectif, déposèrent une série de propositions fragmentées, sans lien, sans vues d’ensemble, sans préambule qui les expliquât, un projet de loi convoquant à bref délai les électeurs de Paris, un autre qui accordait à la garde nationale l’élection de ses chefs. Seul Millière se préoccupa des échéances et proposa de les ajourner à six mois.
Sauf les exclamations, les injures à demi-mâchées, il n’y avait pas eu de réquisitoire formel contre Paris. À la séance du soir, Trochu sortit. O scène de Shakspeare ! on entendit l’homme noir qui lentement avait glissé la grande ville dans les mains de Guillaume, rejeter sa trahison sur les révolutionnaires, les accuser d’avoir failli dix fois amener les Prussiens dans Paris. L’Assemblée reconnaissante le couvrit de bravos. Un ex-procureur impérial, Turquet, arrêté une heure la veille, raconta l’arrestation des généraux Chanzy et Langourian. « J’espère, dit l’hypocrite, qu’ils ne seront pas assassinés ![2] »
Dans cette heure critique les conservateurs, abandonnant pour un moment leur rêve, allèrent au plus pressé, se sauver de la Révolution ; entourant M. Thiers, ils refirent la coalition de 1848-49 si bien définie par Berryer : « Nous sommes des hommes mo-