Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/169

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cal, l’Éclaireur, disait sans conclure : « Si l’Assemblée domine, c’en est fait de la République ; si, d’autre part, les députés de Paris se séparent du Comité Central, c’est qu’ils ont de bonnes raisons pour cela. » Le peuple alla tout droit. Le 23, le club de la Vierge envoya ses délégués à l’hôtel de ville réclamer la Commune. Le maire promit de soumettre la question à ses collègues. L’Alliance demanda l’adjonction au conseil d’un certain nombre de délégués.

Le 24, les délégations revinrent. Le conseil annonça qu’il donnait sa démission et siégerait jusqu’à son remplacement par les électeurs qui seraient convoqués à bref délai. Ce jour même, le préfet par intérim, Morellet, adjurait la population de ne pas proclamer la Commune, de respecter l’autorité de l’Assemblée. À sept heures du soir, une compagnie de gardes nationaux relevait la garde aux cris de : « Vive la Commune ! » Le comité central envoya demander à l’Alliance de le joindre pour enlever l’hôtel de ville. L’Alliance refusa, dit que la promesse du conseil suffisait, que les mouvements de Paris et de Lyon manquaient de clarté, qu’il fallait affirmer l’ordre et la tranquillité publiques.

Pendant ces pourparlers, le club de la Vierge accusait la mollesse de ses premiers délégués, décidait d’en envoyer d’autres et les accompagnait pour qu’ils ne pussent fléchir. À dix heures, deux colonnes de quatre cents hommes se présentent devant la grille de l’hôtel de ville, fermée sur l’ordre du nouveau préfet, M. de l’Espée, autocrate d’usine, qui arrivait très décidé à réduire les turbulents. La foule ébranle la grille jusqu’à l’entrée de ses délégués qui demandent la Commune, et, en attendant, l’adjonction d’une commission populaire. Le maire refuse ; Morellet s’acharne à démontrer que la Commune est une invention prussienne. Désespérant de convertir les délégués, il va prévenir M. de l’Espée — la préfecture tient à la mairie — et tous deux, s’esquivant par le jardin, parviennent à rejoindre le général Lavoye qui commande la division.

À minuit, les délégués, n’ayant rien obtenu, décidèrent que personne ne quitterait l’hôtel de ville, allèrent dire aux manifestants d’aviser. Les uns coururent chercher des armes, les autres pénétrèrent dans