Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/242

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dans Paris, on laissa toute latitude à l’initiative privée qui organisa des agences. Un conseil supérieur fut institué qui augmenta les traitements des facteurs, gardiens de bureaux, chargeurs, abrégea le surnumérariat, décida que les aptitudes des travailleurs seraient constatées dorénavant par voie d’épreuves et d’examen [1].

La Monnaie fabriqua les timbres-poste, dirigée par Camélinat, monteur en bronze. Comme à l’hôtel des Postes, le directeur et les principaux employés de la Monnaie avaient parlementé, puis disparu. Camélinat, aidé de quelques amis, fit continuer les travaux, et, chacun apportant son expérience professionnelle, des améliorations dans le matériel, des méthodes nouvelles furent introduites. On monnaya l’argenterie envoyée de l’Hôtel-de-Ville[2], de la Légion d’honneur, de différentes administrations ainsi que quelques objets du culte. La Banque qui dissimulait ses lingots dut en fournir pour 1 100 000 francs, aussitôt convertis en pièces de cinq francs. On fabriqua un coin nouveau qui allait fonctionner quand les Versaillais entrèrent.

L’Assistance publique relevait aussi des Finances. Un homme de grand mérite, Treilhard, ancien proscrit de 51, réorganisa cette administration barbarement disloquée. Des médecins, des agents du service avaient abandonné les hospices. Le directeur et l’économe des Petits-Ménages d’Issy s’étaient enfuis, réduisant leurs pensionnaires à aller mendier. Des employés faisaient attendre nos blessés devant la porte des hôpitaux ; des médecins, des sœurs, prétendaient les faire rougir de leurs glorieuses blessures. Treilhard y mit bon ordre. Pour la seconde fois, depuis 1792, les malades et les infirmes trouvèrent des amis dans leurs administrateurs et bénirent la Commune qui les traitait en mère. Cet homme de cœur et de tête qui fut assassiné par les

  1. Appendice VII.
  2. « Les fédérés qui occupaient l’Hôtel-de-Ville ont fait usage de cuillères et de fourchettes en fer et non point d’argenterie. L’argenterie livrée à la Commune a été exactement fondue à la Monnaie ; aucune pièce n’en a été détournée. « (Rapport présenté le 9 mars 1880 au conseil municipal.)