Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
332
HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871


CHAPITRE XXVIII


Mardi 23, Montmartre est pris. — Les premiers massacres en bloc. — Paris s’embrase. — La dernière nuit de l’Hôtel-de-Ville.

Les défenseurs des barricades dorment sur leurs pavés. Les avant-postes ennemis veillent. Aux Batignolles, la reconnaissance versaillaise enlève une sentinelle. Le fédéré crie de toutes ses forces : Vive la Commune ! et ses camarades avertis peuvent se mettre sur leurs gardes. Il est fusillé sur-le-champ.

À deux heures du matin, La Cécilia, accompagné des membres de la Commune, Lefrançais, Vermorel, Johannard, et des journalistes, Alphonse Humbert et Maroteau, amène aux Batignolles un renfort de cent hommes. Aux reproches que Malon lui fait d’avoir laissé toute la journée le quartier sans secours, le général répond : « On ne m’obéit pas. »

Trois heures. — Debout aux barricades ! La Commune n’est pas morte ! L’air frais du matin baigne les visages fatigués et ravive l’espérance. La canonnade ennemie salue sur toute la ligne la naissance du jour. Les artilleurs de la Commune répondent depuis Montparnasse jusqu’aux buttes Montmartre qui semblent un peu s’animer.

Ladmirault, à peu près immobile la veille, lance ses hommes le long des fortifications, prenant à revers toutes les portes de Neuilly à Saint-Ouen. À sa droite, Clinchant attaque d’un même mouvement les barricades des Batignolles. La rue Cardinet cède la première, puis les rues Nollet, Truffant, La Condamine, l’avenue basse de Clichy. Tout à coup, la porte de Saint-Ouen s’ouvre et vomit des Versaillais. C’est la division Montaudon qui, depuis la veille, opère à l’extérieur. Les