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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

des cours prévôtales de la Restauration et des commissions mixtes de Décembre accru de la brutalité du soldat qui venge sa caste ; une telle œuvre voudrait un long travail technique. Je n’indiquerai que les lignes principales. D’ailleurs ces jugements ne sont-ils pas jugés ?

Versailles demande à la Suisse l’extradition du gouverneur de l’École Militaire Razoua et, à la Hongrie, celle du délégué au Commerce Frankel, tous les deux condamnés à mort pour assassinat et incendie. Ils sont arrêtés et traduits devant les tribunaux de Genève et de Pesth. La Suisse et la Hongrie sont prêtes à les livrer si le Gouvernement versaillais fournit la preuve légale qu’ils ont commis les assassinats et les incendies dont on les accuse. Ces deux pays ne soulèvent aucune objection au point de vue politique et admettent que les condamnés l’ont été, pour crimes de droit commun. Pour Frankel, Jules Favre se borne à produire l’arrêt du conseil de guerre et ne peut y joindre « aucune trace de fondement, aucune déposition précise, aucune attestation établissant la culpabilité » ; ainsi s’exprime le tribunal de Pesth qui relâche Frankel. Pour Razoua, on parla d’une malle et d’une paire de bottes enlevées à l’École Militaire ; la Suisse mit Razoua en liberté.

Le 8 septembre, Rossel comparut devant le 3e conseil. Sa défense fut de dire qu’il avait servi la Commune dans l’espoir que l’insurrection recommencerait la guerre contre les Prussiens. Merlin fut plein d’égards et l’accusé, en revanche, montra le plus profond respect pour l’armée. Mais il fallait un exemple pour les soldats romanesques et Rossel fut condamné à mort.

Le 21, Rochefort fut condamné à la déportation dans une enceinte fortifiée. Il avait quitté Paris trois jours avant l’entrée des Versaillais. Reconnu à Meaux, il fut arrêté avec son secrétaire. Valentin expédia un agent avec ordre d’amener le prisonnier à Versailles « mort ou vif ». L’officier allemand qui commandait à Meaux, exigea de fournir l’escorte, en raison, dit-il, d’ordres supérieurs, et la composa de hussards bavarois qui entourèrent la voiture jusqu’au pont du Pecq, limite