Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/69

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ment par le général Tamisier, commandant supérieur de la garde nationale, leva la crosse en l’air en arrivant sur la place. Tout changea quand on sut le Gouvernement prisonnier, surtout les noms de ses remplaçants. La leçon parut trop forte. Tel qui aurait admis Ledru-Rollin, Victor Hugo, ne put avaler Flourens et Blanqui. Le rappel avait battu inutilement toute la journée ; le soir la générale rendit. Les bataillons réfractaires le matin, arrivèrent place Vendôme, la plupart, il est vrai, croyant les élections accordées ; une assemblée d’officiers réunis à la Bourse ne consentit à attendre le vote régulier que sur la foi de l’affiche Dorian-Schœlcher. Trochu et les évadés de l’Hôtel-de-Ville retrouvèrent leurs fidèles. L’Hôtel-de-Ville, au contraire, se dégarnissait.

La plupart des bataillons pour la Commune, croyant les élections accordées, avaient regagné leurs quartiers. Il restait à peine un millier d’hommes sans armes et les ingouvernables tirailleurs de Flourens qui vagabondaient dans cette cohue. Blanqui signait, signait. Delescluze essaya de sauver quelque épave de ce mouvement. Il joignit Dorian, reçut l’assurance formelle que les élections de la Commune auraient lieu le lendemain, celles du Gouvernement provisoire le jour suivant, enregistra ces promesses dans une note où le pouvoir insurrectionnel déclarait qu’il attendrait les élections, la fit signer par Millière, Flourens et Blanqui. Millière et Dorian allèrent communiquer cette pièce aux membres de la Défense. Millière leur proposait de sortir ensemble de l’Hôtel-de-Ville, laissant Dorian et Schœlcher procéder aux élections, à la condition expresse qu’aucune poursuite ne serait exercée. Les membres de la Défense acceptaient et Millière leur disait : « Messieurs, vous êtes libres », quand les gardes nationaux voulurent des engagements écrits. Les prisonniers s’indignèrent qu’on doutât de leur parole. Millière et Flourens ne purent faire comprendre aux gardes l’inutilité des signatures.

Tout à coup Jules Ferry attaque la porte de la place Lobau. Il a mis sa liberté à profit, réuni quelques bataillons, un surtout de mobiles bretons qui n’entendent guère le français. Delescluze et Dorian vont au-devant, annoncent l’arrangement qu’ils croient conclu, décident