Page:Lissagaray - Jacques Bonhomme, Armand Le Chevalier, 1870.djvu/110

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dix-huit cents. Nous n’avons même pas la consolation de pouvoir dresser un martyrologe complet. L’histoire seule saura combien de sang, de larmes, de ruines, a coûté l’établissement du trône de Napoléon III.

La férocité de cette exécution glaça d’effroi Paris. Un voile de mort s’étendit sur la ville, la cité sainte, respectée par les Cosaques, inondée de sang par Louis-Napoléon. Par son ordre, les victimes furent longtemps abandonnées sur la voie publique, épouvantail pour la résistance. Le peuple s’abstint. Privé de ses chefs véritables exilés ou enfermés en Juin, quel élan pouvait lui donner cette assemblée réactionnaire qui l’eût fait au besoin mitrailler sans pitié et dont plus de deux cents membres réunis se laissèrent lâchement arrêter ? D’ailleurs, depuis longtemps, on avait désarmé les faubourgs. Enfin le nom de Cavaignac y était justement maudit.

Mais la province avait tout à craindre au coup d’État. Le travail ne chômait pas, l’agriculture était prospère. Cette violation de toutes les lois jurées ne se justifiait à ses yeux par aucune nécessité d’ordre public. Aussi les hommes