Page:Lissagaray - Jacques Bonhomme, Armand Le Chevalier, 1870.djvu/91

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dignation de cette masse également souffrante : « Au lendemain de la Révolution, est-ce là tout ce que le prolétaire vainqueur devait s’attendre à retirer de ses victoires ! » Et Châlier, à Lyon, le premier martyr de la guerre nouvelle entre les riches et les pauvres ! — Mais les classiques de la Révolution, effrayés de ce monstre inconnu, étouffent les premiers vagissements du socialisme. Tu crois pacifier la République, Robespierre, en proscrivant ces apôtres. Malheureux ! tu dessèches la sève même de la Révolution. Ta doctrine politique n’est que vent et fumée si elle ne renouvelle les doctrines sociales. Autant vaudrait planter un arbre les racines en l’air.

Ainsi se continuèrent les anciennes générations de parias. Plus de manants, il est vrai, mais des meurt de-faim. Comme autrefois, au service du roi, des hommes naquirent et moururent, sujets d’industries impitoyables. Vingt ans de travail, de privations, t’assurent quelquefois, Jacques Bonhomme des champs, l’abri pour tes vieux jours. Pour le prolétaire des villes, ce sont vingt années de fatigues et de misères improductives. L’argent de chaque jour suffit à peine aux dépenses quotidiennes. Livré