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notre dictature féconde vous abandonnent le timon de la France, vous volez aux capitulations. Et vous ne retrouvez d’énergie, de volonté, de persistance que devant ces patriotes qui revendiquent leurs libertés contre vous, comme ils disputaient malgré vous le territoire aux Prussiens.

« Par vous, la France a été envahie trois fois, quinze ans chevauchée par un barbare, remise pendant quinze ans sous le joug des émigrés, dix-huit années livrée en pâture aux ventrus, pendant vingt-deux ans le lupanar de tous les aventuriers du monde. Par vous le soldat de l’idée est devenu le soldat du pape, le soldat de Morny, le soldat de Palikao. Par vous la France a payé plus de sept milliards à l’étranger. Par vous, le clergé, la noblesse, les priviléges ont été restaurés plus puissants qu’avant 89. Et vous prétendez aujourd’hui reconstituer la France ! Avec quels hommes, avec quelles idées ?

« Les mandataires du tiers, en 89, représentaient vraiment l’intelligence, le cœur généreux de la France. Et cependant qu’eût valu leur génie si la nation ne les avait guidés ? Plusieurs mois avant l’élection, le pays interrogea ses entrailles, et dans des cahiers solennels consigna ses angoisses, ses besoins et ses ordres aussi. Le seul mérite de ses mandataires fut d’obéir ; de comprendre, de savoir dégager les lois de