Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/223

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saient dans toute son étendue la ville de Versailles, toujours tête nue au soleil, et gravissaient la hauteur de Satory. Le correspondant d’un journal clérical belge, disait avoir vu dans le même chariot à fumier un mort, un mourant, un blessé, et la foule criait : « En voilà qui ne donneront pas d’embarras à leur confesseur. » Il ajoutait : « Un avocat distingué, qui n’a pas son pareil pour maudire la Commune, dit qu’il a vu avec dégoût un officier tirer son sabre contre une femme qui tâchait de sortir des rangs, lui faire une large blessure au visage et lui enlever du même coup une portion de l’épaule. » — " « En voyant comme volaient les injures, les ricanements, etc. » disait l’Indépendance Belge, « je ne pouvais m’empêcher de penser que si quelqu’un s’en fût permis autant, quand, il y a quatre mois, passaient dans une de nos villes des prisonniers prussiens, il n’y aurait eu qu’un cri de réprobation dans la foule.

» Quoi qu’il en soit, ce spectacle fait mal. Aux portes de la ville, on force les prisonniers à se découvrir : " Allons ! canaille ! chapeaux bas devant les honnêtes gens ! » Quelques-uns résistent : alors le bout d’une canne fait tomber à terre leur képi. »

Malheur à qui laissait échapper une parole