Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

coup férir, pénétrer au cœur de Paris. Sur dix points différents, la même tentative aurait eu le même succès. Aucune barricade sérieuse n’aurait arrêté les envahisseurs. Je ne parle pas de celle de l’avenue de la Grande-Armée, qui est toujours restée à l’état embryonnaire, ni du massif de pierres si sottement construit à l’intérieur de l’Arc de Triomphe, où il ne protégeait rien du tout.

Comment condenser la garde nationale au milieu de ces conflits de pouvoir, faire surgir une armée résistante de ces éléments désordonnés ? Les deux seuls délégués un peu entendus aux choses militaires n’avaient même pas une idée nette de la situation. Ils crurent tous les deux que la fermeté et quelques semaines d’exercices suffiraient à transformer la garde nationale en une troupe régulière. Aucun ne comprit que l’esprit de cette institution était complétement opposé aux règles de la discipline ordinaire et qu’il fallait lui créer une tactique spéciale. Disons à leur décharge qu’aucun d’eux n’avait assez d’autorité pour opérer de pareils changements et que la Commune leur liait les mains, soit défiance, soit surtout crainte du Comité central. Mais, puisque la Commune n’osait ni remanier la garde natio-