Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/42

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bres un budget annuel. Telle était l’ardeur dévorante de son début ; mais l’ajournement de la Diète, qui eut lieu le 20 décembre, prévint les débats orageux que de telles propositions auraient soulevés.

List n’était pas un révolutionnaire ; dans des notes biographiques qu’il a laissées, il se défend contre un tel reproche. Le révolutionnaire, dit-il, ne fait que détruire sans édifier, ou, s’il faut qu’il édifie, il cherche à bâtir son édifice sur une table rase ; lui, il a toujours pris l’état de choses existant comme point de départ de ses réformes, sa république avait toujours à sa tête un roi ou un empereur. La vérité est que List n’allait pas et n’est jamais allé au delà du libéralisme constitutionnel ; mais il était, comme il l’a été à peu près toute sa vie, fort en avant de ses compatriotes, et les abus avaient en lui un adversaire décidé et fougueux.

C’est ainsi que, peu après la session, il traça le projet d’une pétition qui devait être adressée par ses commettants à la chambre des députés et servir de programme d’une opposition parlementaire ; projet hardi, imprudent, qui décida de sa destinée. Un exemplaire lithographié de cette pièce étant, par anticipation, tombée entre les mains du gouvernement, des poursuites furent ordonnées contre son auteur ; en conséquence, en février 1821, la chambre des députés ayant été convoquée de nouveau, son exclusion fut demandée par le ministère, aux termes de la constitution, et, malgré une belle et vigoureuse défense, elle fut prononcée par 56 voix contre 36.

Cette étrange façon de comprendre le gouvernement constitutionnel fit scandale non-seulement en Wurtemberg, mais dans toute l’Europe. Condamné, après un long procès, à dix mois de travail forcé pour outrage et calomnie envers le gouvernement, les tribunaux et l’administration du Wurtemberg, List chercha un refuge en France, et il fut sympathiquement accueilli à Strasbourg comme un libéral persécuté. Il se plaisait dans cette ville, autant qu’il le pouvait loin de sa femme et de ses enfants restés à Stuttgard, et il y