Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gérie, et paraissait destiné à un avancement rapide ; il fut emporté par la fièvre chaude. List fut accablé de ce coup, qu’il ressentit jusqu’à ses derniers jours. Il n’avait plus rien à faire en France[1] ; dans l’été de 1840, il reprit le chemin de l’Allemagne, laquelle semblait, à ce moment, sortir de sa langueur et où il croyait avoir à jouer un rôle.

En retournant à Leipsick, il eut connaissance qu’une vive inquiétude régnait dans les principautés thuringiennes au sujet de la direction du chemin de fer de Halle à Cassel ; il était question d’abandonner l’ancienne route commerciale par Weimar, Erfurt, Gotha et Eisenach, afin d’abréger un peu le parcours ; List comprit qu’on faisait une faute ; et, par sa plume et son activité personnelle, il fit prévaloir le tracé le plus conforme aux intérêts de la contrée. « C’est à un seul homme, dit le duc de Saxe-Gotha, que nous sommes redevables de ce résultat, et cet homme est le consul List, que l’ingratitude dont on a payé son patriotisme n’a pas empêché de nous consacrer son temps et ses efforts pour nous éclairer sur nos véritables intérêts. » À cette occasion, en novembre 1840, l’université d’Iéna lui décerna le diplôme de docteur en droit, pour ses services dans la cause de la Société de commerce et dans celle des chemins de fer allemands.

Après un court séjour à Weimar, le nouveau docteur choisit Augsbourg pour sa résidence, agita de nouveau, dans la Gazette, les grands intérêts économiques de son pays, et fit paraître, au mois de mai 1841, le Système national, dont le succès fut immense. Si la préface de cet ouvrage est, dans quelques endroits, amère et passionnée, c’est (l’auteur l’a expliqué plus tard dans une lettre à son ami) qu’elle fut écrite sous l’impression de la nouvelle qu’il se négociait avec l’Angleterre un traité de commerce sur des bases ruineuses pour l’Allemagne : « Sans cela, ajoute-t-il, comment me serais-je

  1. M. Haüsser parle ici d’offres obligeantes de M. Thiers, alors président du conseil, qui ne purent retenir l’économiste allemand. M. Thiers m’a assuré n’avoir eu aucune relation avec List. J’ai, en conséquence, modifié ce passage de la première édition.