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Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/52

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avisé de porter aux nues, comme je l’ai fait, le jeune Marwitz ? » Le nom de List retentit alors dans toutes les bouches avec les éloges des uns et les injures des autres ; et le banni de 1825 atteignit enfin un but qu’il n’avait cessé de poursuivre et qui toujours lui avait échappé ; à la suite d’une audience que lui accorda le roi de Wurtemberg, le département criminel lui notifia sa réhabilitation.

Rétabli d’une chute où il s’était cassé la jambe et qui avait quelque temps interrompu ses travaux, List se prépara à des luttes nouvelles. Le débat entre le libre échange et la protection était très-vif alors, et il avait été ranimé encore par le congrès douanier de l’Association allemande en 1842. List proposa à l’éditeur Cotta de fonder un organe spécial pour les questions économiques en général, et pour le système protecteur en particulier. Le 1er janvier 1843, ce journal parut sous le titre heureux de Zollvereinsblatt, ou feuille de Zollverein. Le rare talent de journaliste dont List avait déjà donné tant de preuves, jeta alors plus d’éclat que jamais ; sans position officielle, sans titre, sans fortune, en butte à toutes sortes d’attaques et de calomnies, le rédacteur en chef du Zollvereinsblatt devint un homme considérable par le seul prestige de son talent et de son caractère.

Les dépêches des ministres britanniques le signalèrent au cabinet de Londres comme un ennemi dangereux. Sa polémique était inspirée en effet par la pensée de soustraire complètement son pays au monopole manufacturier de l’Angleterre ; mais il se défendait d’éprouver de la haine contre une nation qu’il admirait, qui était pour lui la nation modèle. Voici ce qu’il répondit une fois au reproche qu’un Anglais lui avait adressé d’annoncer avec une joie barbare la chute prochaine de la puissance britannique : « Bien loin de partager les sentiments ridicules des Français qui, à chaque désastre que les Anglais éprouvent aux Indes orientales ou en Chine, à chaque mauvaise nouvelle des Antilles ou du Canada, à chaque naufrage d’une frégate anglaise, prédisent d’un air triomphant la chute de la Grande-Bretagne, nous avons toujours pensé que