Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/68

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Comme agent de la Société de commerce, ma position était délicate. Tous les fonctionnaires publics instruits, tous les rédacteurs de journaux et de brochures, tous les écrivains qui traitaient les matières économiques, élevés comme ils l’étaient à l’école cosmopolite, voyaient dans une protection douanière quelconque une abomination théorique ; joignez à cela les intérêts de l’Angleterre et ceux des courtiers de l’industrie anglaise dans les ports maritimes et dans les places de foire. On sait que le cabinet anglais, accoutumé à ne pas lésiner quand il s’agit des intérêts commerciaux du pays, possède dans son secret service money (fonds secrets) le moyen de venir partout, à l’étranger, en aide à l’opinion publique. Il parut une multitude de correspondances et de brochures, émanées de Hambourg et de Brême, de Leipsick et de Francfort, contre le vœu insensé des fabricants allemands en faveur d’une protection de douane commune, et contre leur conseiller ; ils reprochaient à ce dernier, dans des termes durs et méprisants, de ne pas savoir les premiers principes de l’économie politique, principes reconnus par tous les hommes instruits, ou du moins de n’être pas capable de les comprendre. Ces organes des intérêts anglais avaient d’autant plus beau jeu que la théorie régnante et la conviction des hommes de science étaient pour eux. Dans le sein de la Société elle-même il régnait une grande diversité d’avis. Les uns ne voulaient que la liberté du commerce au dedans, laquelle, sans protection vis-à-vis de l’étranger, eût été évidemment, dans l’état du monde, quelque chose de pis que le maintien des douanes provinciales ; c’étaient ceux qui avaient des intérêts dans le commerce des foires et dans celui des denrées coloniales. Les autres, surtout les fabricants, réclamaient le principe de rétorsion comme étant le plus sage, le plus avantageux et le plus juste. Ces derniers étaient en petit nombre, et une partie d’entre eux étaient ruinés à demi ou entièrement par la concurrence anglaise. Quoi qu’il en soit, l’agent était tenu de les suivre pour avoir des partisans. Une

    auprès de lui que des fonctions subalternes, et a été loin de les exercer avec honneur. (H. R.)