Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/223

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au grand air qui le ranimait , de cette liberté rustique si fort de son goût. La promenade ne l’ennuyait pas ; il pouvait beaucoup marcher et roulait volontiers en voiture. Il observait et décrivait peu ces paysages agrestes : cependant il était aisé de remarquer qu’il en avait une impression très vive. A quelques mots qui lui échappaient, on eut dit qu’il se sentait plus près de sa patrie en se trouvant au milieu des blés, des prés, des haies, des foins, des fleurs des champs, des bois qui partout ont les mêmes senteurs. Il préférait se voir entre les laboureurs, les faucheurs, les moissonneurs, qui dans tous les pays se ressemblent un peu, qu’entre les rues et les maisons, les ruisseaux et les gamins de Paris, qui certes ne ressemblent à rien et ne peuvent rien rappeler à personne, tant l’ensemble gigantesque, souvent discordant, de la « grand’ ville », a quelque chose d’écrasant pour des natures sensitives et maladives.

En outre, Chopin aimait à travailler à la campagne, comme si cet air pur, sain et pénétrant, ravigorait son organisme qui s’étiolait au milieu de la fumée et de l’air épais de la rue ! Plusieurs de ses meilleurs ouvrages écrits durant ses villegiature, renferment peut-être le souvenir de ses meilleurs jours d’alors.