Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/226

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furent jamais exposées aux poussières des grands chemins.

La musique lui fut enseignée de bonne heure. A neuf ans il commença à l’apprendre et fut bientôt confié à un disciple passionné de Sébastien Bach, Zywna, qui dirigea ses études durant de longues années selon les erremens d’une école entièrement classique. Il est à supposer que lorsque, d’accord avec ses désirs et sa vocation, sa famille lui faisait embrasser la carrière de musicien, aucun prestige de vaine gloriole, aucune perspective fantastique, n’éblouissaient leurs yeux et leurs espérances. On le fit travailler sérieusement et consciencieusement, afin qu’il fût un jour maître savant et habile, sans s’inquiéter outre mesure du plus ou moins de retentissement qu’obtiendraient les fruits de ces leçons et de ces labours du devoir.

Il fut placé assez jeune dans un des premiers colléges de Varsovie, grâce à la généreuse et intelligente protection que le prince Antoine Radziwdi accorda toujours aux arts et aux jeunes talens, dont il reconnaissait la portée avec le coup d’œil d’un homme et d’un artiste distingué. Le prince RadziwiH ne cultivait pas la musique en simple dilettante ; il fut compositeur remarquable. Sa belle partition de Faust , publiée il y a nombre d’années, continue d’être exécuté chaque hiver par l’académie de chant de Berlin. Elle nous semble encore supérieure, par son intime appropriation aux tonalités des sentimens de l’époque où la première