Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/255

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polonais n’avait pu adorer le génie, qu’en le prenant pour un patriciat !..

Quand le séjour de Chopin se fut prolongé à Paris, il fut entrainé dans des parages fort lointains pour lui… C’étaient les antipodes du monde où il avait grandi. Certes, jamais il ne pensa abandonner les maisons des belles et intelligentes patronnes de sa jeunesse ; pourtant, sans qu’il sut comment cela s’était fait, un jour vint où il y alla moins. Or, l’idéal polonais, encore moins celui d’un patriciat quelconque, n’avait jamais lui dans le cercle où il était entré. Il y trouva, il est vrai, la royauté du génie qui l’avait attirée ; mais cette royauté n’avait auprès d’elle aucune noblesse, aucune aristocratie à même de l’élever sur un pavois, de la couronner d’une guirlande de lauriers ou d’un diadème de perles roses. Aussi, quand la fantaisie lui prenait par là de se faire de la musique à lui-même, son piano récitait des poèmes d’amour dans une langue que nul ne parlait autour de lui.

Peut-être souffrait-il trop du contraste qui s’établissait entre le salon où il était et ceux où il se faisait vainement attendre, pour échapper au malfaisant empire qui le retenait dans un foyer si hétérogène a sa nature d’élite ? Peut-être trouvait-il, au contraire, que le contraste n’était pas assez matériellement accentué, pour l’arracher aune fournaise dont il avait goûté les voluptés micidiales, sa patrie ne pouvant plus lui offrir chez ses filles, exilées ou infortunées, cette magie des fêtes