Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/256

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princières qui avaient passées et repassées devant ses jeunes ans, ingénuement attendris ? Parmi les siens, qui donc alors eut osé s’amuser à une fête ? Parmi ceux qui ne connaissaient pas les siens, ses commensaux inattendus, qui donc savait quelque chose et pressentait quoique ce soit de ce monde où passaient et repassaient de pures sylphides, des péris sans reproches ; où régnaient les pudiques enchanteresses et les pieuses ensorcelleuses de la Pologne ? Qui donc parmi ces chevelures incultes, ces barbes vierges de tout parfum, ces mains jamais gantées depuis qu’elles existaient , eut pu rien comprendre à ce monde aux silhouettes vaporeuses, aux impressions brûlantes et fugaces, même s’il l’avait vu de ses yeux ébahis ? Ne s’en serait il pas bien vite détourné, comme si son regard distraitement levé avait rencontré de ces nuées rosacées ou liliacées, laiteuses ou ;purpurines, d’une moire grisâtre ou bleuâtre, qui créent un paysage sur la voûte éthérée d’en haut… bien indifférente vraiment aux politiqueurs enragés !

Que n’a-t-il pas dû souffrir, grand Dieu ! lorsque Chopin vit cette noblesse du génie et du talent, dont l’origine se perd dans la nuit divine des cieux, s’abdiquer elle-même, s’embourgeoiser de gaieté de cœur, se faire « petites gens », s’oublier jusqu’à laisser trainer l’ourlet de sa robe dans la boue des chemins !.. Avec quelle angoisse inénnarable son regard n’a-t-il pas dû souvent se reporter, de la réalité sans aucune beauté qui le suffoquait dans le présent, à la poésie de son