Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/292

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éprouvé plus de répit qu’ailleurs. Comme il y travailla avec plaisir, tant qu’il put s’isoler du monde qui l’entourait, il en rapportait chaque année plusieurs compositions. Les hivers ne manquaient pourtant pas de ramener une augmentation graduelle de souffrances. Le mouvement lui devint d’abord difficile, bientôt tout-à-fait pénible. De 1846 à \SiT, il ne marcha presque plus, ne pouvant monter un escalier sans éprouver de douloureuses suffocations ; depuis ce temps il ne vécut qu’à force de précautions et de soins.

Vers le printemps de 1847, son état empirant de jour en jour, aboutit à une maladie dont on crut qu’il ne se relèverait plus. Il fut sauvé une dernière fois, mais cette époque se marqua par un déchirement si pénible pour son cœur, qu’il l’appela aussitôt mortel. En effet, il ne survécut pas longtemps à la rupture de son amitié avec Mmo Sand qui eut lieu à ce moment. Mm6 de Staël, ce cœur généreux, et passionné, cette intelligence large et noble, qui n’eut que le défaut d’empeser souvent sa phrase par un pédantismo qui lui ôtait la grâce de l’abandon, disait à un de ces jours où la vivacité de ses émotions la faisait s’échapper des solennités de la roideur genevoise : « En amour, il n’y a que des commencemens !… »

Exclamation d’amère expérience sur l’insuffisance du cœur humain ; sur l’impossibilité où il est de correspondre à tout ce que l’imagination sait rêver, quand on l’abandonne à elle-même ; quand on ne la retient pas