amis que nous ayons rencontrés dans notre carrière voyageuse.
L’un d’eux est tombé sur la brèche des guerres civiles ! Héros vaillant et malheureux, il succomba à une mort affreuse, dont les horribles tortures n’ont pu abattre un seul instant sa bouillante audace, son intrépide sang-froid, sa chevaleresque témérité. Jeune prince d’une rare intelligence, d’une prodigieuse activité, en qui la vie circulait avec le pétillement et l’ardeur d’un gaz subtil, doué de facultés éminentes, il n’avait encore réussi qu’à dévorer des difficultés par son infatigable énergie, en se créant une arène où ces facultés eussent pu se déployer avec autant de succès dans les joûtes de la parole et le maniement des affaires, qu’elles en avaient eu dans ses brillans faits d’armes. — L’autre, a expiré en s’éteignant lentement dans ses propres flammes : sa vie, passée en dehors des événemens publics, fut comme une chose incorporelle, dont nous ne trouvons la révélation que dans les traces qu’ont laissées ses chants. Il a terminé ses jours sur une terre étrangère dont il ne se fit jamais une patrie adoptive, fidèle à l’éternel veuvage de la sienne : poète à l’âme endolorie, pleine de replis, do réticences et de chagrins ennuis. La mort du prince Félix Lichnowsky rompit l’intérêt direct que pouvait avoir pour nous le mouvement des partis auxquels son existence était liée. Celle de Chopin nous ravit les dédommagemens que renferme