l’habitude de leur maintien, noble jusqu’à une légère emphase. Ils ne pouvaient manquer de contracter le goût des manières solennelles en en contemplant les plus beaux types dans les sectateurs de l’islam, dont ils appréciaient et gagnaient les qualités tout en combattant leurs envahissemens. Ils savaient comme eux faire précéder leurs actes d’une intelligente délibération, qui semblait rendre présente à chacun la devise du prince Boleslas de Poméranie : Erst wieg’s, dann wag’s ! (Pèse d’abord, puis ose !) Ils aimaient à rehausser leurs mouvemens d’une certaine importance gracieuse, d’une certaine fierté pompeuse, qui ne leur enlevait nullement une aisance d’allures et une liberté d’esprit accessibles aux plus légers soucis de leurs tendresses, aux plus éphémères craintes de leur cœur, aux plus futiles intérêts de leur vie. Comme ils mettaient leur honneur à la faire payer cher, ils aimaient à l’embellir et, mieux que cela, ils savaient aussi aimer ce qui l’embellissait, révérer ce qui la leur rendait précieuse.
Leurs chevaleresques héroïsmes étaient sanctionnés par leur altière dignité et une préméditation convaincue. Ajoutant les ressorts de la raison aux énergies de la vertu, ils réussissaient à se faire admirer de tous les âges, de tous les esprits, de leurs adversaires mêmes. C’était une sorte de sagesse téméraire, de prudence hasardeuse, de fatuité fanatique, dont la manifestation historique la plus marquante et la plus célébre fut l’expédition de Sobieski, alors qu’il sauva Vienne et