Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/68

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III.


Les Mazoures de Chopin diffèrent notablement d’avec ses Polonaises en ce qui concerne l’expression. Le caractère en est tout-à-fait dissemblable. C’est un autre milieu, dans lequel les nuances délicates, tendres, pâles et changeantes, remplacent un coloris riche et vigoureux. À l’impulsion une et concordante de tout un peuple, succèdent des impressions purement individuelles, constamment différenciées. L’élément féminin et efféminé au lieu d’être reculé dans une pénombre quelque peu mystérieuse, s’y fait jour en première ligne. Il acquiert même sur le premier plan une importance si grande, que les autres disparaissent pour lui faire place ou du moins ne lui servent que d’accompagnement.

Les temps ne sont plus où, pour dire qu’une femme était charmante, on l’appelait reconnaissante (wdzieczna) ; où le mot de charme lui-même dérivait de celui de gratitude (wdzieki). La femme n’apparaît plus en protégée, mais en reine ; elle ne semble plus être la meilleure partie de la vie, elle fait la vie entière. L’homme est bouillant, fier, présomptueux, mais livré au vertige