Page:Liszt - Le Tannhaeuser, paru dans le Journal des débats, 18 mai 1849.djvu/14

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veut posséder ce qui l’attire, et jouir de toutes les jouissances dont il se sent capable ; que cette source du beau, devant laquelle Wolfram se prosterne dans un respectueux éloignement, peut être approchée avec ferveur, car elle est aussi intarissable que la soif en est inextinguible, et que l’amour, pour déployer son entière puissance, doit marcher dans toute sa force et dans toute sa liberté.

Walther de Vogelweide, renchérissant sur la délicatesse du renoncement de Wolfram, identifie Saint-Amour avec la vertu, et tandis que celui-ci ne faisait que s’abstenir de troubler par une coupable témérité la transparence limpide de la source mystique, Walther déclare qu’on ne saurait jamais approcher ses lèvres de la pureté immaculée sans en détruire la magie.

Tannhaeuser s’indigne de ces creuses idolâtries, de ces conventions factices démenties par chaque battement de son cœur. Il reproche à Walther une si morose conception de l’amour, et l’engage à reporter aux étoiles des cieux, que nous ne sommes pas destinés à atteindre, ces ascétiques contemplations, et de ne pas confondre avec le besoin que nous éprouvons