Page:Liszt - Le Tannhaeuser, paru dans le Journal des débats, 18 mai 1849.djvu/19

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seul sentiment, il eût voulu amasser toutes les souffrances pour en combler la douleur de sa sainte maîtresse ; alors que les ronces et les épines des chemins lui paraissaient un duvet trop moelleux pour ses pieds meurtris, alors qu’il ne préservait ses membres ni de la neige des glaciers ni des ardeurs du soleil, et que, fermant les yeux à toutes les beautés de ce monde, il baissait les paupières en traversant les splendeurs de l’Italie pour ne pas se laisser surprendre par une seule joie ! Il était ainsi arrivé à Rome, plus macéré que les plus austères, plus repentant que les plus humbles ; il avait confessé son crime….. Mais celui qui a puissance de lier et de délier le frappa de cette sentence : « Quiconque a une fois brûlé des flammes de l’enfer, n’échappe plus à leur perdition. Il serait plus aisé au bois de la crosse de reverdir par l’effet d’une sève miraculeuse qu’à l’âme qui s’est livrée aux sinistres blasphèmes de Vénus de renaître à la lumière des justes. »

Le pèlerinage raconté ainsi, le tableau de ce trajet où tant d’amour avait fait éclater tant de repentir et