Page:Littré - Pathologie verbale ou lésions de certains mots dans le cours de l’usage.djvu/70

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Elle est en ce qu’il a fallu une forte méprise pour imposer au mot roman le sens qu’il a. Quand vous cherchez l’origine d’un vocable, soyez très circonspect dans vos conjectures ; hors des textes, il n’y a guère de certitude. Au moment de la naissance des langues romanes et dans les populations usant de ce que nous nommons bas latin, on se servit de parabola pour exprimer la parole. Comment la parabole en était-elle venue à un sens si détourné ? On répugnait à se servir, dans l’usage vulgaire, du mot verbum, qui avait une acception sacrée ; d’un autre côté, la parabole revenait sans cesse dans les sermons des prédicateurs. Les ignorants prirent ce mot pour eux et lui attachèrent le sens de verbum. Les ignorants firent loi, étant le grand nombre, et les savants furent obligés de dire parole comme les autres. Parabole a-t-il subi quelque dégradation en passant de l’emploi qu’il a dans le Nouveau Testament à celui que lui donne l’usage vulgaire ? Sans doute ; du moins, en le faisant descendre à un office de tous les jours, on a eu soin de le déguiser ; car ce n’est pas le premier venu qui, sous parole, reconnaît parabole.

Persifler. — Je n’inscris pas persifler dans la pathologie, parce que le simple siffler a deux ff, et que le composé persifler n’en a qu’une ;