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Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/26

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Car la parodie de justice à laquelle on s’est livré pour innocenter cet officier français qui exprimait le regret de ne pas être un uhlan pour sabrer les Français forme la contre partie de cette œuvre d’iniquité qui a été perpétrée dans l’ombre du huis clos et de la chambre du Conseil pour trouver Dreyfus coupable sur la production de pièces qu’il n’a pas vues et dont personne n’a vérifié l’authenticité.

Et l’on voudrait que ceux qui ont le souci du droit, de la justice, ne manifestent pas leur indignation et ne prennent pas la défense de la victime de ces monstruosités parce que c’est un Juif ? Fût-il même aussi un traître, les droits les plus sacrés de la défense n’en auraient pas moins été violés contre lui, et réclamer la re vision de son procès est un devoir inéluctable pour quiconque peut élever la voix, si faible fût-elle, en faveur du droit et de la justice.

Voilà pourquoi j’écris cet article, quoi que ce soit évidemment aux Français surtout à obtenir cette révision, qui importe à l’honneur de leur pays. Car ce qui compromet l’honneur de l’armée et l’honneur de la France, c’est que des iniquités comme celles du procès Dreyfus et des scandales comme ceux du procès Esterhazy et du procès Picquart puissent se produire, sans être immédiatement réprimés et sans valoir à ceux qui en sont responsables la réprobation générale et une punition exemplaire.

On a l’air de ne pas s’en douter en France et de ne pas voir qu’on est en train, sous les yeux de l’Europe attentive, de déshonorer l’armée et le pays en tolérant des turpitudes, des injustices, des violations de tout droit, dont la répression est une question d’honneur.