Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/27

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Il n’y a pas en Europe deux opinions à ce sujet ; si, comme le disait un journal suisse, il n’est pas hors de France un homme de sens qui croie à la culpabilité de Dreyfus, il n’en est pas un non plus qui ne soit révolté par les scandales du huis clos et les procédés de l’autorité militaire, par les manifestations antisémites et l’attitude du gouvernement français et qui n’applaudisse aux efforts de ces hommes généreux, aux Zola, Clemenceau, Scheurer-Kestner, qui, une fois de plus, se sacrifient et se dévouent au salut commun en s’exposant à la calomnie, aux procès, à une impopularité passagère mais toujours amère à subir, pour sauver l’honneur de la France en l’empêchant de persévérer dans une iniquité et ne pas réparer une violation monstrueuse de ces droits de l’homme et du citoyen qu’elle a eu l’honneur de proclamer et d’enseigner au monde.

Georges LORAND,
membre de la Chambre des représentants de Belgique.

UNE LETTRE

  Mon cher Ami,

Eh oui ! j’ai longtemps pensé comme vous ! J’ai cru Dreyfus coupable !! ! et, alors l’horreur et le dégoût étaient tels, chez moi, qu’aussi féroce qu’un Abdul, j’étais heureux que la loi n’ait pas permis de le fusilier, parce que là bas, à l’île du Diable, il subissait mille morts et agonisait à chaque heure de jour et à chaque heure de nuit.