Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/119

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et cointise. Maiz cestes manières de femmes ne sont mie voulentiers tenues les plus saiges ne les plus sçavans, fors qu’elles ont plus le cuer au siècle et à la playsance du monde. Dont je vous en diray d’une manière qui est venue, de quoy les femmes servantes et femmes de chambres, clavières et aultres de mendre estat, se sont prinses communement, c’est-à-dire qu’elles fourrent leurs doz et leurs talons, autant penne comme drap, dont vous verrez leurs pennes derrière que ilz ont crottées de boue à leurs talons, tout aussy comme le treu d’une brebis soilliée derrière. Si ne priseriés riens celle cointise en esté ne en yver ; car, en yver, quant il fait grant froit, elles meurent de froit à leurs ventres et à leurs tetines, qui ont plus grant mestier d’estre tenues chaudement que les talons, et en esté les puces s’y mucent, et pour ce je ne prise riens la nouveaulté ne telle cointise. Je ne parle point sur les dames ne sur les damoiselles atournées, qui bien le pevent faire à leur plaisir et à leur guise ; car sur leur estat je ne pense mie à parler chose qui leur doye desplaire, que je le puisse sçavoir ; car à moy ne affiert ne appartient fors les servir et honorer et les obeir à mon povoir, ne je ne pense sur nulles en parler par cest livre, fors que à mes propres filles et à mes femmes servantes, à qui je puis dire et monstrer ce que je vueil et il me plaist.