Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/148

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de folie que au divin service, et de cellui meffait Dieu vous a voulu monstrer vostre deffaulte et vous fist venir celluy grant mal et celle grant hachie que vous avez senti. Et ceste grace, qui vous vint par chastiement et demonstrance, fut par le service et bien fait que vous feystes à deux povres femmes, dont vous donnastes à l’une une cote et à l’autre une chemise, et vous dist la voix que la cotte et la chemise vous avoyent gardée de cheoir ou puis, c’est-à-dire que le bien fait et l’aumosne que vous aviez fait pour Dieu vous avoit gardé de perir et d’estre perdue, se vous fussiez cheoite en la folie où vostre cuer avoit mis s’entente et sa folle plaisance. Sy devez grant guerredon à Dieu et grant service de vous avoir daigné demonstrer vostre erreur. Si vous devez en avant garder d’encheoir un tel peril comme de perdre honneur et l’ame d’avoir plaisance de amer nul tant comme vostre seigneur, à qui vous avez promis foy et loyaulté, ne le changer pour pire ne pour meillour, et celle le change, qui plus aime autre que son seigneur et ment et parjure sa foy et sa loy. Si vous est, Dieu mercy, beau mirouer. »

Et ainsi li demonstra le preudomme son advision et la confessa et l’enseigna le mieulx qu’il pot, et la dame guerist et mercia Dieu, et laissa toute sa folle plaisance, dont il advint, bien environ demi an ou environ après, que l’escuier, qui l’amoit par amours, vint d’un voyaige et d’une armée où il avoit esté. Si la vint veoir, cointe et jolis, et si commença à bourder et jangler et lui user d’un tel langaige, dont autresfoys luy avoit usé ; sy la trouva toute estrange ; lors