Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/179

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du chevalier ; si vous parleray de la tierce femme.




Chappitre LIIe
De la tierce femme du chevalier


Après le chevalier eut la tierce femme et furent grant pièce ensemble ; et toutesfoiz elle morut à la parfin, dont advint que le chevalier deut morir de dueil et de regret, et, quant elle fut morte, le chevalier vint à son oncle, et lui pria qu’il voulsit prier pour sa femme. Toutesfoiz le preudomme en pria tant qu’il luy vint en advision que un ange le signoit et monstroit le tourment que l’en la faisoit souffrir, ne pour quoy ; car il veoit appertenant que un ennemy la tenoit d’une de ses griffes par les cheveux et par la tresse, comme un lion tient sa proie, si qu’elle ne povoit la teste remuer ne ça ne là, et puis lui mettoit alesnes et aiguilles ardans par les sourcilz, et par les temples, et par le front jusques à la cervelle, et la povre ame s’escryoit, à chascune foiz qu’il lui boutoit l’alesne ardent. Sy demanda pourquoy on luy faisoit cette grant douleur, et l’ange lui respondoyt que c’estoit pour ce qu’elle avoit affaitié ses sourciz et ses temples, et son front creu, et arrachié son peil pour soy cuidier embellir et pour plaire au monde, et qu’il convenoyt que en chascune place et pertuis dont chascun poil avoit esté osté, que chascun jour continuellement y poignist l’alesne