Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/197

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faulse, regarda qu’il aloit et venoit, portant ses cordons à faire la corde. Sy vint et commança à filer à une quenouille de layne noire. Et puis, à l’autre retour que le bonhomme faisoit, elle en prenoit une autre de laine blanche. Sy luy va dire li bons homme, qui estoit plain et loyal : « Ma commère, il me semble que vous filliez maintenant laine noire. — Ha, dist-elle, mon compère, vrayement non faisoye. » Après il revint l’autrefoiz, et elle avoit prins l’autre quenouille et il regarda et va dire : « Comment, belle commère, vous aviez maintenant blanche quenouille. — Ha, biaux compère, dist-elle, que avez-vous ? en bonne foy, il n’en est riens. Je voys que vous estes tout mourne et bestourné ; car vrayement il a esté anuyt jour et nuit, et, en vérité, l’en cuide veoir ce que l’en ne voit pas, et je vous voy moult pensif. Vous avez aucune chose. » Et le bonhomme, qui pensa qu’elle dist voir, lui va dire : « Par Dieu, belle commère, j’ay anuit cuidié veoir je ne sçay quoy issir de nostre chambre. — Ha mon doulx amy, dist la vielle, en bonne foy ce n’est que la nuit et le jour qui se bestournent. » Si le va tourner de tous poins et appaisier par sa faulceté.

Après une aultre foiz lui avint que ilcuida prendre une poche aux piez de son lit pour aler au marchié à iij. leues d’illec, et il prist les brayes du prieur, et les troussa à son eisselle. Et quant il fut au marchié et il cuida prendre sa poche, il prist les brayes, dont il fut trop dolent et couroucié. Le prieur, qui estoit cachié en la ruelle du lit, quant il cuida trouver ses brayes, il n’en trouva nulles, fors la poche qui estoit de costé. Et lors il sceut bien que le mary les