Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/198

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avoit prinses et emportées. Si fut la femme à grant meschief, et ala à sa commère de rechief et luy compta son fait, et pour Dieu que elle y meist remède. Si lui dist : « Vous prendrés unes brayes et je en prendray unes autres, et je lui diray que nous avons toutes brayes, et ainsi le firent. Et quant le preudomme fut revenu moult dolent et moult courouciez, sy vint la faulse commère le veoir, et lui demanda quelle chière il faisoit : Car, mon compère, dist-elle, je me doubte que vous n’ayez trouvé aucun mauvais encontre ou que vous n’aiez perdu du vostre. — Vrayement, dist le bonhomme, je n’ay riens perdu ; mais je ay bien autre pensée. Et au fort elle fist tant qu’il luy dist comment il avoit trouvé unes brayes, et, quant elle l’ouy, elle commença à rire et à lui dire : Ha, mon chier compère, or voy-je bien que vous estes deceu et en voye d’estre tempté ; car, par ma foy, il n’y a femme plus preude femme en ceste ville que est la vostre, ne qui se garde plus nettement envers vous que elle fait. Vrayment, elle et moy et aultres de ceste ville avons prises brayes pour nous garder de ces faulx ribaulx qui parfoiz prennent ces bonnes dames a cop, et, afin que vous sachiez que c’est vérité, regardez se je les ay. Et lors elle haulsa sa robe et luy monstra comment elle avoit brayes, et il regarda et vit qu’elle avoit brayes et qu’elle disoit voir ; si la crut, et ainsi la faulce commère la sauva par ij. foiz.

Mais au fort il convient que le mal s’espreuve ; car le bonhomme se prist garde qu’elle aloit moult souvent chiez cellui prieur et s’en donna mal courroux ; si luy va deffendre qu’elle ne fust sy hardie sur l’ueil de la teste que plus elle n’y alast. Sy ne