Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/75

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et en aprenant ne sera pas que il ne retiengnent aucune bonne exemplaire, ou pour fouir au mal ou pour retenir le bien ; car il sera mie que aucunes foiz il ne leur en souviengne d’aucun bon exemple ou d’aucun bon enseignement, selonc ce qu’ilz cherront en taille d’aucuns parlans sur celles matières.



Le premier Chappitre.



Et c’est moult belle chose et moult noble que de soy mirer ou mirouoir des anciens et des anciennes histoires qui ont été escriptes de nos ancesseurs pour nous monstrer bons exemples et pour nous advertir comme nous véons le bien fait que ilz firent, ou de eschever le mal comme l’en puet veoir que ilz eschevèrent. Sy parlay ainsy et leur diz : Mes chières filles, pour ce que je suiz bien vieulx et que j’ay veu le monde plus longuement que vous, vous veuil-je monstrer une partie du siècle, selon ma science qui n’est pas grant ; mais la grant amour que j’ay à vous, et le grant desir que j’ay que vous tournez vos cuers et vos pensées à Dieu craindre et servir, pour avoir bien et honneur en ce monde et en l’autre, car pour certain tout le vray bien et honneur, garde et honesteté de homme et de femme vient de luy et de la grace de son saint esperit, et si donne longue vie et courte ès choses mondaines et terriennes, telles comme il luy plaist, car du tout chief à son plaisir et à son ordonnance, et aussy guerredonne tout le bien et le service que on luy a fait à