Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/124

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comme un point de départ dans le ministère du Sauveur. En tous cas, la distinction que l'on voudrait introduire entre la conscience filiale et la conscience messianique est absolument gratuite. La tradition primitive ne l'a pas soupçonnée ; et la critique moderne, si un intérêt théologique n’avait été en jeu, ne l’aurait peut-être pas soupçonnée davantage. Autre chose, en effet, est le sentiment filial qui inspire la vie intérieure de Jésus, et autre chose la conscience réfléchie de son rôle providentiel. Ce n’est pas le sentiment qui fait de Jésus le Fils de Dieu en un sens qui n’appartient qu’à lui. Tous les hommes qui disent à Dieu : « Notre père », sont fils de Dieu au même titre, et Jésus ne serait que l’un d’entre eux, s’il ne s’agissait que de connaître la bonté divine et de s’y confier. Le critique peut conjecturer que le sentiment filial a précédé et préparé la conscience messianique, l’âme de Jésus s’étant élevée par la prière, la confiance et l’amour, au plus haut degré d’union avec Dieu, en sorte que l'idée de la vocation messianique a couronné comme naturellement ce travail intérieur ; mais en tant que le titre de Fils de Dieu appartient