Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/125

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exclusivement au Sauveur, il équivaut à celui de Messie, et il se fonde sur la qualité de Messie ; il appartient à Jésus, non à raison de ses dispositions intimes et de ses expériences religieuses, mais à raison de sa fonction providentielle, et comme à l'unique agent du royaume céleste.

Il faut reconnaître, d’ailleurs, que les textes ne permettent pas d’analyser psychologiquement la notion du Fils de Dieu. Jésus se dit Fils unique de Dieu dans la mesure où il s’avoue Messie. L’historien en conclura, hypothétiquement, qu’il se croyait Fils de Dieu depuis qu’il se croyait Messie. L’idée de la filiation divine était liée à celle du royaume ; elle n’a de signification propre, en ce qui regarde Jésus, que par rapport au royaume à instituer. Même pour ceux qui croient à l’Evangile, la qualité d’enfants de Dieu n’est pas sans rapport avec l’espérance du royaume que le Père leur a destiné. A plus forte raison quand il s’agit de l’unique ordonnateur du royaume. Celui-là est le Fils par excellence, non parce qu’il a appris à connaître et qu’il a révélé la bonté du Père, mais parce qu’il est l'unique vicaire de Dieu pour le royaume des cieux.