Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/138

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lui-même se révèle dans le Christ. Selon la logique de la raison, si l’idée du royaume est inconsistante, l’Évangile tombe en tant que révélation divine, Jésus n’est qu’un homme pieux qui n’aura pas su dégager sa piété de ses rêves, et qui sera mort en victime de l’erreur, bien plutôt qu’en serviteur de la vérité qui était en lui. Car c’est pour s être avoué Messie, et parce qu’il se croyait tel, que Jésus est mort sur la croix ; ce n’est point pour avoir connu la bonté du Père céleste, ni parce qu’il aurait voulu la démontrer par sa mort. Il est mort parce que telle était la volonté du Père, et parce que sa mort s’est trouvée comme la condition providentielle de la venue définitive de ce royaume qu’il avait prêché. Il s’est appliqué à lui-même la leçon qu’il donnait à ses disciples : Quiconque cherche sa vie en ce monde la perd pour l’éternité ; quiconque perd sa vie maintenant pour l’Evangile la gagne pour le royaume des cieux [1]. La veille de la passion, il présentait à ses disciples le pain et le vin eucharistiques en symbole de la fin qu’il allait subir, et, en même temps, comme un gage de la

  1. MARC, VIII, 35.