Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/139

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communion qui le réunirait avec les siens dans le royaume à venir. Il est donc mort comme Messie, tout plein de l’idée de ce royaume dont il pensait amener l’accomplissement et où il comptait revivre dans la gloire messianique. Tel est le Christ de l’histoire : la mesure véritable de sa grandeur n’est pas à chercher ailleurs qu’en ce qu’il a cru et voulu être.

Jésus a été, sur la terre, le grand représentant de la foi. Or la foi religieuse de l’humanité ne s’appuie jamais et ne peut s’appuyer que sur des symboles plus ou moins imparfaits ; ses aspirations, qui ont pour objet l’infini, ne sauraient être déterminées dans la pensée humaine que sous une forme finie. Le symbole concret, l’image vivante, non l’idée pure, est l’expression normale de la foi, la condition de son efficacité morale dans l’homme et dans le monde. Le choix et la qualité des symboles sont nécessairement en rapport avec l’évolution même de la foi et de la religion. Non seulement l’idée du royaume et celle du Messie ont été les points d’attache qui ont permis au christianisme de se produire à côté du judaïsme, ils sont la forme indispensable sous laquelle le christianisme