Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

a dû naître dans le judaïsme, avant de se répandre dans le monde.

Rien ne pouvait faire que Jésus ne fût pas juif ; il n’était homme qu’à la condition d’appartenir à une branche de l’humanité. Dans celle où il naquit, et dont on peut bien dire qu’elle portait l’avenir religieux du monde, cet avenir était comme défini dans l’espérance du règne de Dieu, dans le symbole du messianisme. Celui qui devait être le Sauveur du monde ne pouvait entrer dans cette fonction qu’en assumant le rôle de Messie, en se présentant comme l’agent du royaume, venu pour accomplir l’espérance d’Israël. L’Evangile, paraissant en Judée, et ne pouvant même paraître ailleurs, devait être conditionné judaïquement. Son extérieur juif est le corps humain dont l’esprit de Jésus a été l’âme divine. Mais ôtez le corps, et l’âme s’évanouira dans l’air comme un souffle léger. Sans le messianisme, l'Evangile n’aurait été qu’une possibilité métaphysique, une essence invisible, intangible, même inintelligible, faute de définition appropriée à nos moyens de connaissance, et non une réalité vivante et conquérante. Il faudra toujours un corps à l'Evangile pour qu’il soit