Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/148

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à ce résultat. Les Juifs n’offraient de sacrifices qu’à Jérusalem, et les disciples de l’Évangile n’auraient pu songer à en offrir ailleurs ; leur séparation d’avec les Juifs, et la destruction du temple ont eu pour eux une conséquence qui est acquise aussi bien pour les Israélites. On peut penser que l’idée morale du sacrifice devait en éliminer finalement la réalité physique ; mais les faits y ont contribué d’abord plus que l’idée ; et il n’est pas rigoureusement vrai de dire que l'une a remplacé l'autre. C’est aussi en jouant quelque peu sur le double sens du mot « sacrifice » que l'on parle, à ce propos, de la loi qui veut que le progrès, dans l’humanité, s’achète par la souffrance et souvent par la mort de ceux qui y contribuent le plus efficacement [1]. Entre l’homme qui meurt victime de sa destinée, ou plutôt de la résistance que la force d’inertie oppose à la force de mouvement, et l’agneau, le bouc, ou même l’être humain, victimes immolées à une divinité pour mériter sa faveur, il n’y a qu’une analogie qui explique l’emploi du même vocabulaire, mais dont l’historien ne doit pas être dupe.

  1. P. 100.