Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/173

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presbytéral maintenait l’ordre dans les réunions, la paix entre les frères ; il assurait le service des aumônes et les relations avec le dehors. De même que les disciples de Jésus avaient formé société, et que le royaume des cieux était conçu comme société, non comme une coalition de fervents et parfaits individualistes, les communautés chrétiennes formaient naturellement des sociétés, des confréries ; elles avaient besoin de l’élément conservateur de toute société, l’autorité. Quand il se produisit dans les Eglises, et ce fut de très bonne heure, des mouvements d’idées, des tendances plus ou moins accusées et plus ou moins divergentes, des difficultés intérieures et extérieures plus ou moins considérables, la nécessité d’un pouvoir dirigeant se fit encore plus pressante, et il fallut que la communauté tint tête à tous les périls par le moyen d’une parfaite unité. Il est certain que le christianisme et l’Évangile auraient sombré dans la crise gnostique, sans l’opposition que fit au débordement des hérésies l’épiscopat monarchique, qui s’affermit définitivement dans cette lutte. Ne s’ensuit-il pas que l’Eglise est aussi nécessaire à l’Evangile que l’Evangile est nécessaire à l’Eglise,