Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/191

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intérieur les supprime et fait abstraction de l’Evangile réel. La tradition de l’Eglise les garde, en les interprétant et les adaptant à la condition changeante de l’humanité.

Il serait absurde d’exiger que le Christ eût déterminé d’avance les interprétations et adaptations que le temps devait provoquer, puisqu’elles n’avaient aucune raison d’être avant l’heure qui les rendait nécessaires. Il n’était ni possible ni utile que l’avenir de l’Eglise fût révélé par Jésus à ses disciples. La pensée que leur léguait le Sauveur était qu’il fallait continuer à vouloir, à préparer, à attendre, à réaliser le royaume de Dieu. La perspective du royaume s’est élargie et modifiée, celle de son avènement définitif a reculé, mais le but de l’Évangile est resté le but de l’Église.

C’est, en effet, chose digne d’attention, que l’Eglise, si vieille qu’elle soit déjà, si rassurée qu’elle paraisse maintenant sur l’imminence du jugement dernier, si long avenir qu’elle se promette encore sur la terre, se regarde elle-même comme une institution provisoire, un organisme de transition. L’Église de la terre, dite Église militante, est comme le vestibule de l’Église