Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/199

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et elle pourrait cesser de l’être. La situation actuelle est un legs du passé, qu’on ne peut liquider qu’avec précaution. Mais on peut prévoir dans l’avenir un état général des nations civilisées où l’Église, puissance spirituelle, et nullement politique au sens qui vient d’être dit, ne perdrait rien de son prestige, ni de son indépendance, ni de son influence morale. La politique ne tombe-t-elle pas de plus en plus et ne tombera-t-elle pas finalement des mains des manieurs d’hommes aux mains des manieurs d’affaires ? Que gagnerait l’Église à traiter directement avec ceux-ci de ce qui la regarde, et quel intérêt auraient-ils eux-mêmes à s’occuper de ces choses ?

Il est même permis d’aller plus loin et de conjecturer que l’Église, dans sa façon de traiter les personnes qui reconnaissent son autorité, trouvera des procédés plus conformes à l’égalité fondamentale et à la dignité personnelle de tous les chrétiens. Dans le nivellement universel qui se prépare, les membres de la hiérarchie ecclésiastique pourront être de moins grands personnages selon le monde, sans rien perdre des droits de leur ministère, qui reprendront plus visiblement leur forme essentielle de devoirs ;